Pendastrava modèle C

L’objet qui nous intéresse aujourd’hui a le mérite d’être original. Cette pendule m’a été offerte par une amie angevine qui la tenait de sa mère.

Outre une jolie incarnation du style Art Deco, avec une marquetterie fine en bois de rose et citronnier sur un plaquage de thuya, cette pendule est une véritable assurance-vie !

Produite à 50 000 exemplaires de 1928 à 1939 par la compagnie d’assurance-vie Le Travail, à l’aide de l’ingénieur M. Nicaudie, la Pendastrava, abréviation de « Pendule d’assurance travail », était offerte aux nouveaux clients. Elle se déclinait en 3 modèles, en fonction du montant de l’assurance-vie souscrite par ces-derniers.

La type A, celle de milieu de gamme, est en forme de demi-lune et sonne heures et demi-heures, elle correspond aux contrats de 500 000 francs jusqu’à 1 million de francs et fut produite à hauteur de 40 000 exemplaires. C’est donc la plus répandue et celle présentée sur les coupures publicitaires.

La type B, plus rare, est en forme d’ogive et ne dispose pas de sonnerie. Avec 5000 exemplaires, elle concernait les contrats jusqu’à 500 000 francs.

La type C enfin, celle en ma possession, est la plus grande. En forme de chapeau de gendarme, elle dispose d’une sonnerie sur 4 tiges, sonnant les heures et demi-heures. Elle aussi, produite au nombre de 5000 exemplaires, était réservée aux plus aisés ayant souscrit des contrats dépassant le million de francs.

La particularité de ces pendules est leur fonctionnement à monnayeur. Pour assurer sa marche, le souscripteur devait insérer chaque jour une pièce 1 franc pour la type B et de 2 francs pour les types A et C. Chaque mois, un agent-receveur de la compagnie venait collecter les monnayeurs. C’est ainsi que les clients réglaient leurs traites !

A l’issue du contrat, l’assuré récupérait le montant total de ses cotisations ainsi que les primes tout en gardant la pendule qui lui était alors offerte, le système du monnayeur étant retiré à ce moment-là.

Comme vous pouvez le voir dans la sélection présente ici, la campagne publicitaire pour ces assurances-vie et leur « gadget » luxueux a été très abondante dès 1928 et tout au long des années 1930. Beaucoup d’articles de presse s’étonnaient et se réjouissaient de l’originalité ainsi que de la modernité du concept. A la radio on pouvait entendre la réclame suivante : « Soyez à l’heure le jour de votre mort, grâce aux pendules des assurances-vie Le Travail ».

La fin de l’aventure de la Pendastrava est cependant nébuleuse. La théorie voudrait que toutes les pendules encore existantes soient dépourvues de monnayeurs, ce qui n’est pas le cas. L’exemplaire ici présent par exemple a, bien qu’incomplet, son monnayeur en place.

Il en est de même pour la plaque d’idenfication présente sous chaque pendule lors de leur fabrication. Numérotée, chaque machine était identifiable et rattachée à son propriétaire. Les plaques ne devaient être retiré sous aucun prétexte afin d’éviter la revente. La théorie voudrait donc une fois de plus qu’aucune pendule encore en circulation ne dispose de celle-ci. Ici, vous pourrez voir la plaque encore présente à la base de la pièce.

La compagnie Le Travail n’aurait peut-être pas honoré l’ensemble de ses contrats, ou peut-être que tombées en désuétude les pendules auraient été tout bonnement laissées de côté. Depuis 1995 la compagnie a été rachetée par le groupe Athéna et le détail de ce qui serait alors advenu a été perdu ou demeure secret.

Cet article a pu être rédigé à l’aide du site Gallica, du Forum d’horlogerie Suisse, du site du Musée Lorris ainsi que de cet article de La Dépêche.

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